Miss Hang – Comma Coffee
Laos
Une productrice pionnière au cœur de l’émergence du café de spécialité du Laos
Pendant longtemps, le Laos n’a presque pas existé sur la carte mondiale du café. Coincé entre les géants que sont le Vietnam et la Thaïlande, ce pays enclavé a cultivé le café dans l’ombre, loin des concours, loin des microlots, loin des cuppings internationaux. Il y avait bien quelques plantations sur le plateau des Bolovens… mais aucun visage, aucun récit, aucun lien entre les fermiers et le monde, aucun relais, aucune reconnaissance.
C’est dans ce vide, dans ce silence, qu’une femme a décidé d’entrer.
Elle s’appelle Miss Hang.
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Entre ses racines chinoises et son identité laotienne, entre Vientiane et les montagnes, elle a choisi une voie singulière : non pas être fermière, mais bâtisseuse de filière. Elle ne plante pas les arbres, elle fait naître les histoires.
Fondatrice de Comma Coffee, elle se tient là où bien peu de femmes osent aller : au croisement du négoce, de la transformation et de la transmission – des territoires encore largement dominés par les hommes.
Elle a d’abord torréfié pour les cafés de la capitale, avant de comprendre que son véritable rôle était plus en amont : accompagner celles et ceux qui cultivent, et offrir à leurs cafés une voix, une destination.
Elle ne possède pas les terres, mais elle crée les chemins qui permettront aux fermiers d’être enfin vus et reconnus.
Pourquoi “Comma” ?
Parce qu’une virgule n’est pas une fin, mais une respiration, une transition. Une invitation à continuer l’histoire. Là où tant de producteurs lao restaient en suspension, Miss Hang a choisi d’ajouter une suite.
- Le Laos, un territoire en transition
Le paysage caféier du Laos n’a rien d’un décor de carte postale. Ici, le café est né dans la douleur : exil économique, guerre civile, colonisation, migration forcée… Les plateaux volcaniques des Bolovens ont longtemps été un lieu de survie, non de terroir. Les fermiers ont longtemps cultivé par nécessité, non par vocation, ils vendent leurs cerises à bas prix, sans accès aux marchés, à des intermédiaires anonymes.
Pourtant, depuis quelques années, l’Asie réinvente ses paysages agricoles. L’histoire du Triangle d’Or, jadis consacré à l’opium, a basculé, lentement, vers de nouvelles cultures vivrières. Après la Thaïlande et son Royal Project, le Laos cherche une nouvelle dignité et laisse émerger ses propres initiatives. Le café devient une alternative : le café comme héritage, comme avenir, comme réparation, une culture de patience, de dignité, de transmission. Mais il lui manquait des passeurs, des artisans capables de transformer un fruit brut en histoire.
- Le rôle de Comma : créer le lien entre terre et tasse
Miss Hang ne possède pas de plantation. Elle possède quelque chose de plus rare : une responsabilité.
Elle sillonne les fermes, achète les cerises au prix juste, forme les producteurs au tri, au lavage, au séchage. Elle introduit les process lavés, natures, expérimentaux, jusque-là inconnus dans ces régions, régions où personne ne parlait encore micro-lots ou fermentations contrôlées.Elle lutte contre le marché du volume, contre l’oubli.
En ville, à Vientiane, elle torréfie. À la campagne, elle transmet, elle enseigne.
Grâce à elle, les cafés du Laos quittent peu à peu l’anonymat. Elle ne se présente pas comme entrepreneuse, mais comme interprète : celle qui donne aux fermiers les outils pour devenir fiers de leur travail et non simples fournisseurs de matière première.
- Un pont vers l’avenir
Le chemin est encore long. Aujourd’hui, il n’existe pas d’export direct depuis le Laos : les cafés sortent par la Thaïlande, faute d’infrastructures. Mais déjà, Miss Hang prépare la suite. Au nord, une nouvelle génération de femmes productrices se structure. Bientôt, ce ne seront plus seulement des cafés « de nécessité », mais des cafés de conviction, portés par des coopératives féminines, autonomes et formées.
Car le véritable enjeu n’est pas seulement agricole. Il est social, éducatif, culturel.
Il s’agit de redonner au café sa force originelle : celle de rassembler, de réparer, de faire tenir debout.
Le chantier est immense : traçabilité, qualité, infrastructures. Et pourtant, il faut bien une première pierre.
Miss Hang est cette pierre.
- Pourquoi j’ai choisi Comma Coffee
J’ai choisi Comma Coffee parce qu’il fallait, enfin, associer le Laos à autre chose qu’à une mention en marge, parce que le Laos mérite qu’on prenne le temps de l’écouter.
Parce qu’il fallait un visage, une voix, un engagement pour transformer une origine silencieuse en promesse vivante.
Parce que derrière ces grains, il y a une femme qui œuvre sans lumière, sans campagne marketing, simplement avec la certitude que son pays mérite d’être entendu.
Ce n’est pas seulement un nouveau pays dans ma carte des cafés : c’est un appel à croire aux terres qui se lèvent, aux femmes qui relient, et à toutes les histoires qui ne demandent qu’une chose – une virgule, pour continuer.
C’est l’histoire d’un territoire qui se cherche, d’une filière qui se construit, et d’une voix – celle de Miss Hang – qui refuse d’abandonner le silence à la place des histoires.